Vous en avez probablement tous entendu parler au moins une fois. Des affaires parfois banales peuvent se transformer sur les réseaux sociaux en un déchaînement d’insultes et un lynchage disproportionné. Quelles sont les dynamiques à l’œuvre dans ces mouvements de foules numériques ? Essayons d’y voir un peu plus clair.
L'usage des réseaux sociaux comme une arme
Certaines personnes choisissent délibérément d’organiser ces polémiques par vengeance, par besoin de reconnaissance ou dans un intérêt économique. Ces personnes connaissent souvent les mécanismes des réseaux sociaux : l’utilisation des hashtags, l’optimisation des algorithmes… En suivant des conseils dédiés pour optimiser la visibilité d’un contenu, des techniques plutôt utilisées dans le marketing d’influence à la base, des utilisateurs expérimentés des réseaux sociaux peuvent planifier et organiser des attaques contre des personnes ou des entreprises. Connaître les heures auxquelles les utilisateurs des réseaux sociaux sont les plus actifs, diffuser le message sur un maximum de réseaux sociaux en même temps, utiliser le même hashtag de manière coordonnée… Lorsqu’on leur demande la raison pour lesquelles ces personnes ont choisi cette méthode pour se faire entendre, la réponse est souvent la même : les tribunaux seraient selon eux une méthode inefficace pour faire valoir leurs droits, et si la cause à défendre est juste, alors tous les coups sont permis.
Un tribunal populaire ?
Une justification avancée est également que les gens ont le droit de se faire leur propre avis. Dans cette logique, la personne attaquée n’aurait qu’à répondre avec les mêmes armes que ses attaquants, et une justice invisible naîtrait du bon sens des utilisateurs qui sauraient distinguer la part des choses. Cette vision est pour le moins naïve, au pire très malhonnête. Il est évident que devant une attaque soigneusement préparée et coordonnée par plusieurs individus, il est impossible de répondre avec autant de précision et d’impact, même pour le meilleur des communicants de crise. Le jugement de la foule est donc biaisé dès le début avec un avantage pour la personne qui attaque en premier, une énorme partie du public n’allant probablement même pas écouter les arguments contradictoires, pas tellement par bêtise, mais plutôt par l’envie de ne pas s’impliquer dans cette affaire, et par l’apparente crédibilité des attaques coordonnées par les utilisateurs. On retrouvera souvent dans l’attaque la technique du mille-feuille argumentatif, qui consiste à ajouter plein de mauvais arguments les uns sur les autres dans l’objectif de donner une illusion de cohérence et de faisceau de culpabilité.
Attaquer en premier de manière planifiée, c’est une manière sûre de mettre l’opinion de son côté.
Les risques juridiques de telles attaques
Ces attaques sont interdites en France, et la loi prévoit plusieurs dispositions contre les personnes qui seraient tentées de vouloir utiliser ces pratiques. Ce n’est pas parce qu’une cause est juste à défendre que la loi vous autorise à faire n’importe quoi. Tout le monde pense faire le bien, et l’enfer est pavé de bonnes intentions.
Voici plusieurs textes pouvant être utilisés contre les personnes utilisant ce genre de méthodes :
- Harcèlement – Article 222-33-2 du code pénal
Le fait de harceler autrui par des propos ou comportements répétés ayant pour objet ou pour effet une dégradation des conditions de travail susceptible de porter atteinte à ses droits et à sa dignité, d’altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel, est puni de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 € d’amende.
- « Raid » de cyberharcèlement ou harcèlement en meute – Article 222-33-2-2 du code pénal
L’infraction est également constituée :
a) Lorsque ces propos ou comportements sont imposés à une même victime par plusieurs personnes, de manière concertée ou à l’instigation de l’une d’elles, alors même que chacune de ces personnes n’a pas agi de façon répétée ;
b) Lorsque ces propos ou comportements sont imposés à une même victime, successivement, par plusieurs personnes qui, même en l’absence de concertation, savent que ces propos ou comportements caractérisent une répétition.
- Diffamation publique – Article 32 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse
La diffamation commise envers les particuliers par l’un des moyens énoncés en l’article 23 sera punie d’une amende de 12 000 euros.
En cas de condamnation […], le tribunal pourra en outre ordonner l’affichage ou la diffusion de la décision prononcée dans les conditions prévues par l’article 131-35 du code pénal ;
- Injure publique – Article 33 de la Loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse
L’injure commise de la même manière envers les particuliers, lorsqu’elle n’aura pas été précédée de provocations, sera punie d’une amende de 12 000 euros.
Cela cessera-t-il un jour ?
Pourvu que oui. Plusieurs solutions sont envisageables à plusieurs niveaux. Le choix de Qwice est de créer un réseau social conçu nativement pour lutter contre ce genres de dérives. La justice avance lentement mais sûrement, de nouvelles lois sont crées régulièrement, des associations apparaissent et s’organisent.
N’oublions pas que le web n’a que 31 ans, et que l’apparition des grands réseaux sociaux tels que Facebook et YouTube ne remonte qu’à moins de vingt ans. Cela paraît long en temps sur internet, mais à l’échelle de l’histoire tout ça est encore très récent. Essayez d’imaginer à quoi ressembleront les réseaux sociaux dans cinquante ans… Rien n’est encore joué.